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demoiselles. » Le mot pensionnat me fit éprouver une sensation pénible, l’idée de contrainte se réveillait dans mon esprit ; c’était l’heure où sortent les externes, je cherchai parmi elles une jolie figure ; mais leurs chapeaux fermés empêchaient qu’on ne pût voir leurs visages, et d’ailleurs elles eurent bientôt disparu.

Cinq heures sonnaient comme je rentrais chez M. Brown : il était assis à la place où je l’avais laissé le matin ; mais il n’était pas seul, un monsieur était debout près de la cheminée : c’était mon futur maître. Deux mots suffirent pour nous mettre en rapport ; un salut réciproque termina la cérémonie. Je suppose que mon salut n’eut rien d’extraordinaire, car j’étais d’une tranquillité parfaite ; celui de M. Pelet fut extrêmement poli, sans avoir rien d’affecté ; nous prîmes chacun un siège et nous nous assîmes en face l’un de l’autre. Il me dit alors, d’une voix assez agréable, en articulant avec soin, par égard pour mes oreilles étrangères, que M. Brown lui avait parlé de moi en des termes qui lui permettaient de m’attacher, sans le moindre scrupule, à son établissement, en qualité de professeur de latin et d’anglais ; il me fit cependant plusieurs questions par respect pour la forme, me témoigna toute la satisfaction qu’il éprouvait de mes réponses, et fixa mes appointements à la somme de mille francs par an, plus la nourriture et le logement. « Vous pourrez en outre, ajouta-t-il, employer les heures où vous ne serez pas occupé chez moi, à donner des leçons dans d’autres établissements, et utiliser ainsi les loisirs que vous laisseront nos élèves. »

Je fus touché de cette concession ; plus tard, je vis même que j’étais mieux payé qu’on ne l’est en général à Bruxelles, où l’instruction est très-bon marché à cause du grand nombre de professeurs que l’on y trouve. Il