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CHAPITRE VII.


Peut-être, lecteur, n’êtes-vous jamais allé en Belgique ; peut-être ne connaissez-vous pas la physionomie de cette contrée, dont les lignes sont gravées si profondément dans ma mémoire.

Quatre tableaux forment les murs de la cellule qui renferment pour moi les souvenirs du passé : 1° celui d’Eton : là, tout est perspective, horizon vague et lointain, fraîcheur et verdure, feuilles et fleurs tout humides de rosée ; mais sous un ciel de printemps dont l’azur est couvert de gros nuages renfermant la tempête : car le soleil n’a pas toujours brillé sur mon enfance.

Après Eton, la ville de X…, peinture sombre et enfumée dont la toile est déchirée ; un ciel jaune, des nuages de bistre, pas de soleil, pas d’azur ; çà et là, dans les faubourgs, un feuillage rare et flétri : vue repoussante dont mes regards se détournent.

Le troisième tableau m’attire, c’est devant lui que je m’arrête. Peut-être, un peu plus tard, découvrirai-je la toile où sont gravés mes derniers souvenirs ; laissons-la, quant à présent, derrière la draperie qui la dérobe à mes yeux.

Belgique ! nom peu romanesque, peu poétique, et pourtant celui qui réveille en mon cœur l’écho le plus doux et le plus profond ; celui que je répète à minuit, quand seul je rêve au coin du feu ; celui dont la puissance évoque le passé, brise la pierre du sépulcre et fait surgir les morts ; je le redis tout bas, et les souvenirs, les