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que je voie rougir votre front d’airain lorsque je dévoilerai vos mensonges et votre hypocrisie. J’ai eu le plaisir de m’entendre insulter hier, à l’hôtel de ville, par l’orateur qui combattait l’opinion que j’avais émise, et qui, à ce propos, s’est permis certaines allusions que je n’ai pu tolérer : des phrases sur les gens sans entrailles, les tyrans domestiques, n’ayant au cœur nulle affection de famille ; et, quand je me suis levé pour répondre à ce jargon ridicule, j’ai été accueilli par les huées de la populace, auxquelles votre nom, s’étant trouvé mêlé, m’a fait découvrir l’auteur de cette odieuse attaque, ce traître de Hunsden, l’infâme ! qui, pendant ce temps-là, gesticulait comme un forcené ; or, vous avez causé avec lui, au bal que j’ai donné il y a un mois, et je sais que vous l’avez vu hier au soir ; niez-le, si vous l’osez.

— Je ne l’essayerai même pas ; je l’avoue franchement, au contraire ; et, si Hunsden vous a fait siffler par le peuple, il en avait, certes, de justes motifs. Jamais il n’exista d’homme plus méchant et plus brutal que vous, de frère plus dénaturé, de maître plus impitoyable ; oh ! vous méritez bien l’exécration populaire. »

Crimsworth rugit et fit claquer son fouet au-dessus de ma tête.

Le lui arracher des mains, le briser et le jeter dans la cheminée, fut l’affaire d’une minute ; Edouard se précipita vers moi.

« Ne me touchez pas, ou je vous traîne devant le magistrat le plus voisin, » lui criai-je en évitant son attaque.

Les hommes du caractère de Crimsworth perdent toujours quelque chose de leur insolence, quand on leur résiste avec fermeté ; l’idée de comparaître devant un magistrat ne souriait nullement à Edouard, et il savait bien que je n’aurais pas manqué de faire ce dont je le menaçais. Il me regarda pendant quel-