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je sentis en moi que l’espérance et l’amour commençaient à me guérir.

« Quand il s’éloigna, mon cœur suivit ses pas, et j’essayai plus tard de lui prouver ma reconnaissance par de nouveaux efforts. Je repris ma place au milieu de mes compagnes ; le sourire, qui rarement éclairait son visage, rayonna un instant sur ses lèvres ; la leçon terminée, il s’arrêta en passant : « Jeanne, me dit-il, demain ne travaillez pas ; vous êtes trop faible encore, allez vous asseoir au jardin ; le soleil brille, l’air est doux ; vous reviendrez lorsque je vous appellerai. »

« Que j’étais bien à l’ombre des lilas, seule et tranquille au milieu du silence, des oiseaux, des abeilles et des fleurs ! Cependant, lorsque mon maître eut prononcé mon nom, j’accourus à sa voix, et je rentrai toute joyeuse dans la maison bruyante ; son regard profond s’arrêta sur mon visage. « Vous êtes moins pâle, » murmura-t-il avec douceur, « reposez-vous quelques jours ; » et il répondit par un sourire à celui que j’osai lui adresser.

« Son front redevint sévère lorsque j’eus recouvré la santé ; comme autrefois, il me donna la tâche la plus longue et la plus difficile. Je faisais tous mes efforts pour être la première de la classe ; il était avare de ses louanges, et toujours il y mêlait des reproches ; mais le secret de sa pensée que je lisais sur son visage, était ma récompense. Alors même que sa vivacité excitait ma tristesse, mon chagrin était calmé aussitôt par quelque douce parole.

« Arriva le jour du triomphe : c’est à moi qu’était décerné le prix. Je portai ma couronne à mon maître, et je me mis à ses genoux pour qu’il posât sur mon front la guirlande qui m’avait été donnée ; un tressaillement profond et doux m’ébranla tout entière lorsque le laurier vient effleurer ma tête ; la fièvre de l’ambition s’al-