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ses affaires déclinaient, son humeur s’aigrissait. Bref, il s’est conduit à l’égard de sa femme en tyran brutal et grossier ; je vous avais bien dit qu’un jour il en arriverait là ; quant à lui…

— Qu’est-ce qui lui est arrivé ?

— Rien d’extraordinaire, ne vous alarmez pas ; il s’est mis sous la protection des lois ; il a composé avec ses créanciers, leur a donné deux pour cent, est rentré dans les affaires six semaines après, a fait revenir sa femme, et se trouve actuellement aussi vert qu’un laurier-sauce.

— Et Crimsworth-Hall, a-t-on vendu aussi les meubles ?

— Absolument tout, depuis le piano à queue jusqu’au rouleau à pâtisserie !

— Même ce qui était dans la salle à manger ?

— Certainement. Pourquoi les sofas et les chaises de cette pièce auraient-ils été plus sacrés que les meubles d’une autre chambre ?

— Et les tableaux ?

— Quels tableaux ? Crimsworth n’avait pas de galerie, que je sache ; il ne se piquait pas d’aimer les arts.

— Il y avait de chaque côté de la cheminée deux portraits que vous n’avez pas oubliés, monsieur Hunsden ; vous avez remarqué un soir l’une de ces toiles représentant une femme…

— Oh ! je sais ce que vous voulez dire ; une lady au maigre visage, et drapée dans un châle. Ce portrait, naturellement, a été vendu comme le reste. Si vous aviez été riche, vous auriez pu l’acheter ; vous m’avez dit, si je m’en souviens, que c’était le portrait de votre mère : vous voyez ce que c’est que d’être sans le sou.

— Je ne serai pas toujours pauvre, pensai-je ; il arrivera un moment où je rachèterai ce portrait… À