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tement qui m’est alloué ? C’est précisément ce que je désire ; et j’accepte, à ces conditions, la place que vous m’offrez dans vos bureaux. »

Je tournai sur mes talons et je m’approchai de la fenêtre, sans chercher cette fois à lire sur la physionomie d’Édouard quelle impression il pouvait ressentir de mes paroles.

« Peut-être espérez-vous, reprit-il, avoir un appartement chez moi et une place dans ma voiture pour aller et venir matin et soir ; détrompez-vous ; je tiens à pouvoir disposer de mon gig en faveur des gentlemen que, pour affaires, j’emmène quelquefois passer une nuit à la Hall. Tous chercherez un logement à la ville.

— C’était bien mon intention, répondis-je ; il ne me conviendrait nullement d’habiter votre maison. »

Je parlais avec le calme qui m’est habituel et dont je ne me dépars jamais ; Edouard, au contraire, perdit toute réserve, son œil s’enflamma, et, se tournant vers moi brusquement :

« Vous n’avez rien, me dit-il avec colère ; comment vivrez-vous en attendant que le premier terme de vos appointements soit échu ?

— Ne vous en inquiétez pas, répondis-je.

— Mais comment vivrez-vous ? répéta-t-il d’une voix plus haute.

— Comme je pourrai, monsieur Crimsworth.

— Endettez-vous, cela vous regarde, répliqua-t-il ; vous avez probablement des habitudes aristocratiques ; je vous engage à les perdre ; je ne souffre pas la moindre sottise, et vous ne toucherez pas un schelling en dehors de votre salaire, quelle que soit la position où vous vous soyez mis ; ne l’oubliez jamais.

— Non, monsieur ; vous verrez que j’ai bonne mémoire. »