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ses murs épais sous la commotion puissante de ses entrailles de fer ; des ouvriers allaient et venaient de tous côtés, chargeant et déchargeant des wagons. Édouard jeta un regard autour de lui et parut comprendre tout ce que faisaient ces hommes ; il descendit de voiture et, abandonnant son cheval aux soins d’un ouvrier qui s’avança immédiatement, il m’ordonna de le suivre. Nous entrâmes dans une pièce bien différente des salons de Crimsworth-Hall ; c’était un cabinet aux murailles nues, et dont un coffre de sûreté, deux pupitres, deux tabourets et quelques chaises, formaient tout l’ameublement. Un individu était assis devant l’un des deux pupitres ; il ôta son bonnet grec lorsqu’Edouard entra, et s’enfonça de nouveau dans ses écritures et ses calculs.

Édouard se dépouilla de son mackintosh et s’assit au coin du feu, près duquel je restai debout.

« Steighton, laissez-nous, dit-il ; j’ai à parler d’affaires avec ce gentleman ; vous reviendrez quand je vous sonnerai. »

Le commis se leva sans répondre et sortit du bureau ; Édouard attisa le feu, se croisa les bras et resta un moment pensif, les lèvres comprimées et les sourcils froncés. Je le regardais avec attention ; quel beau visage ! comme ses traits étaient bien dessinés ! d’où provenait cet air dur, cet aspect désagréable, en dépit de sa beauté ?

« Vous êtes venu ici pour étudier le commerce ? me demanda-t -il tout à coup.

— Oui, lui répondis-je.

— Avez-vous bien réfléchi à cette détermination ?

— Certainement.

— C’est bon. Je ne suis pas forcé de vous prêter mon concours ; mais j’ai ici une place vacante, et, si vous êtes capable de la remplir, je vous prendrai à l’essai.