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tout cela était bien dans la nature de Mlle Reuter ! comme je l’avais devinée !

« Il m’est arrivé souvent, disait-elle, de demander son adresse à Mlle Henri… elle a toujours éludé ma question… j’ignore complètement où elle demeure, » etc., etc.

Tout ce que j’aurais pu dire à cet égard fut arrêté par de larges gouttes d’eau qui commençaient à tomber et par le grondement du tonnerre. Craignant l’orage, qu’annonçaient un ciel de plomb et une chaleur étouffante, j’avais pris la route qui conduisait directement à Bruxelles ; nous pressâmes le pas, ce qui nous était facile en descendant la colline ; la pluie venait de s’arrêter. Nous franchîmes la porte Louvain, et nous nous trouvâmes dans la ville.

« Où demeurez-vous ? demandai-je à Frances, que je voulais voir rentrer saine et sauve.

— Rue Notre-Dame-aux-Neiges, » répondit-elle.

C’était tout près de la rue de Louvain ; nous y courûmes, et nous étions à la porte de Frances, quand les nuages, crevant tout à coup avec un bruit effroyable, vidèrent leur enveloppe livide, d’où la pluie s’échappa en nappes torrentielles.

« Entrez ! s’écria Frances Evans, entrez donc ! » Elle se précipita dans la maison : j’hésitai un instant à la suivre ; puis, décidé par ses paroles, je franchis le seuil de sa porte, et je montai l’escalier derrière elle. Nous n’étions mouillés ni l’un ni l’autre ; un auvent placé à l’entrée de la maison nous avait préservés des premières atteintes de la pluie ; mais encore une minute, et nos habits n’auraient pas eu un fil qui n’eût été trempé.

Je me trouvai bientôt dans une petite chambre au carreau peint, dont le milieu était couvert d’un étroit tapis de laine verte ; les meubles était peu nombreux, mais d’une exquise propreté ; il régnait dans cette