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familier. D’ailleurs Frances Evans est un nom d’origine britannique : cependant elle m’a dit qu’elle n’était jamais allée en Angleterre, qu’elle n’avait pas pris de leçons d’anglais, ni vécu dans une famille anglaise. »

Le lendemain, je rapportai les devoirs qui avaient été faits la veille ; et, donnant une courte explication des principales fautes que j’y avais rencontrées, je distribuai les reproches et les encouragements à petite dose, suivant mon habitude ; car il était inutile de blâmer sévèrement et il était bien rare que les éloges fussent mérités. Je ne dis pas un mot de la narration de Mlle Henri ; j’avais mis mes lunettes et je m’efforçai de lire sur son visage l’impression qu’elle ressentait de cet oubli apparent ; « Si elle a conscience d’avoir fait quelque chose de bien, me disais-je, elle se sentira mortifiée. » Elle avait les yeux fixés sur le cahier qui était ouvert devant elle ; sa figure était grave et n’exprimait que sa tristesse ordinaire : je crus cependant remarquer dans son attitude un léger signe d’attente au moment où je finissais d’examiner le dernier devoir qui se trouvait sur mon pupitre, et il me sembla qu’un nuage avait passé rapidement sur son front, lorsqu’ayant éloigné de moi les feuilles dont je venais d’expliquer les fautes, je me frottai les mains en disant à mes élèves de prendre leurs grammaires et de l’ouvrir à telle page. Immédiatement sa figure se ranima, et l’intérêt vint remplir le vide que lui avait laissé mon silence ; toutefois il est évident qu’elle avait éprouvé une déception plus ou moins vive, et que, si elle n’en témoignait pas de regrets, c’est qu’elle ne le voulait pas.

À quatre heures, lorsque sonna la cloche, au lieu de prendre mon chapeau et de descendre de l’estrade, je restai à ma place pendant quelques instants. Lorsque Frances eut fini de mettre ses livres dans son