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CHAPITRE XIII.


Le lendemain matin je me levai au point du jour ; une fois habillé, je passai une demi-heure environ, le coude appuyé sur ma commode, à chercher par quels moyens je recouvrerais mes forces et rendrais à mon esprit abattu son énergie et sa vigueur accoutumées. Il n’entrait pas dans mes intentions de faire une scène à M. Pelet, de lui reprocher sa perfidie et de lui envoyer un cartel ; je résolus tout bonnement d’aller aux bains et de me traiter par un plongeon fortifiant. Le remède produisit l’effet que j’en attendais. J’étais de retour à sept heures, et j’avais retrouvé assez de calme et d’empire sur moi-même pour faire à M. Pelet mon salut ordinaire, pour lui tendre la main et pour écouter cette appellation flatteuse de « mon fils, » prononcée du ton caressant dont le traître se servait à mon égard, sans rien lui témoigner des sentiments qui fermentaient dans mon cœur : non pas que j’eusse des pensées de vengeance, Dieu sait que je ne suis pas d’une nature vindicative ; mais le souvenir de la trahison et de l’insulte vivait en moi, charbon ardent, bien que recouvert de cendre. Je ne voudrais certainement pas blesser un homme, parce que je ne peux plus ni l’aimer ni avoir confiance en lui ; mais les impressions que j’éprouve ne se gravent pas sur le sable, et ne sont pas aussi vite effacées qu’elles ont été ressenties. Lorsque j’ai acquis la preuve certaine que le caractère et les principes de mon ami sont incompatibles avec les miens, lorsque