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oreille préparée au silence qui les avait précédés ; mais quel murmure s’approchant de plus en plus venait tromper cette attente ? Quelqu’un semblait avoir parlé. Oui, c’était bien la voix d’un homme que j’entendais au-dessous de ma fenêtre ; une autre voix lui répondait ; et j’aperçus bientôt deux personnes qui descendaient l’allée défendue. Elles se trouvaient dans l’ombre, je distinguais à peine la silhouette de leur corps ; mais quand elles furent près de moi, la lune frappa leurs visages, et me montra Mlle Reuter et M. Pelet se tenant par le bras ou par la main, je ne sais plus lequel des deux.

« À quand donc le jour des noces, ma bien-aimée ? disait-il.

— Mais tu sais bien, François, répondait Mlle Reuter, qu’il m’est impossible de me marier avant les vacances.

— Trois mois encore ! s’écria le chef d’institution. Comment pourrai-je attendre si longtemps, moi qui me sens toujours près d’expirer d’impatience à tes pieds, Zoraïde ?

— Eh bien ! si tu meurs, l’affaire sera terminée, sans contrat et sans notaire ; je n’aurai besoin que d’une robe de deuil ; cela me donnera moins de peine que de songer à un trousseau.

— Cruelle Zoraïde ! vous riez de la souffrance d’un homme qui vous adore ; et, non contente de vous faire un jeu de ses tourments, vous lui imposez toutes les tortures d’une affreuse jalousie : car, niez-le tant que vous voudrez, je suis sûr que vous avez encouragé de vos regards cet écolier de Crimsworth ; il n’aurait certainement pas osé devenir amoureux de vous, sans l’espoir que vous lui avez inspiré.

— Je ne vous comprends pas, François ; M. Crimsworth amoureux de moi ?