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venir à cette extrémité suffira. Laissez-moi revoir et pérorer mes contumaces ; mais, en attendant, ne compromettez pas ma besogne, et n’échauffez pas les esprits. »

Je revis mes gens, c’est-à-dire les trois évêques ; je leur mis sous les yeux l’article du Concordat, et je les pressai de s’expliquer sur le motif de leur refus. Ce motif, ils me le déclarèrent en toute sincérité. Il répugnait à leur conscience de s’engager envers un gouvernement nouveau, et qui ne leur inspirait pas confiance, à l’informer de ce qui viendrait leur connaissance au préjudice de l’État.

J’entrai dans leur idée. J’admis, sans difficulté, que la clause dont il s’agissait avait quelque chose de suspect et de regrettable ; mais, en leur faisant observer qu’il ne dépendrait pas de nous de modifier un texte du Concordat ; j’ajoutai que tout dépendait néanmoins du sens que le gouvernement y prétendait attacher, et que je prenais sur moi de leur garantir que le gouvernement, en leur imposant un serment de date presque immémoriale, ne leur demandait rien d’autre ni de plus que ce qu’il exige et qu’il est endroit d’exiger de tout Français exerçant une fonction publique : « Fidélité au roi, obéissance à la charte consti-