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VIII

LA THÉORIE PLATONICIENNE DE LA PARTICIPATION

D’APRÈS LE PARMÉNIDE ET LE SOPHISTE


La théorie de la participation est, comme celle de la démonstration de l’existence des Idées, et autant qu’elle, la partie essentielle du système de Platon ; car à quoi serviraient les Idées si elles ne participaient les unes aux autres, si on ne pouvait les unir dans une proposition ? Mais dire que les Idées participent les unes aux autres, les rapprocher dans une affirmation, n’est-ce pas les identifier au moins partiellement, dire que chacune d’elles est autre qu’elle-même, ou, comme on disait au temps de Platon, affirmer l’existence du non-être ? La difficulté, d’ailleurs, n’est pas particulière au platonisme ; elle est commune à toutes les doctrines. Il n’y a pas lieu de revenir sur le chapitre définitif où Gomperz a magistralement démontré qu’en s’attaquant à ce problème, c’est la question même de l’attribution ou de l’affirmation, négativement résolue par plusieurs écoles contemporaines, que Platon tentait d’élucider. Tout au plus est-il utile de rappeler la forme particulière que revêtait le problème aux yeux de notre philosophe : il s’agit de savoir si l’erreur est possible, si on peut dire qu’il existe des sophistes, et si on a le droit de les condamner : c’est l’existence même de l’erreur, et par suite celle de la vérité, qui en est cause. Or on sait