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de terre crayeuse, qu’emprisonnait sous trois de ses faces une enfilade ininterrompue de cloître pleine de nuit : voûtes basses où la voix sonnait deux fois dans le silence, et dont les dalles vallonnées, effleurées à peine, autrefois, du pas discret des Ursulines, s’achevaient d’user aux semelles ferrées des lycéens, au bois de leurs lourdes galoches »… Plusieurs centaines d’enfants étaient lâchés entre ces murs. Courteline n’est pas tendre pour les compagnons de ses premiers jeux. « Tout en eux était odieux, depuis leurs faces parsemées de son, jusqu’au chantonnement de leur parler. Ainsi, c’était au sein d’un pareil monde qu’il fallait vivre désormais, parmi ces rustres aux lourdeurs de bœufs, aux cous puissants, aux poignets rouges s’allongeant, ridiculement nus, hors des manches fripées de la tunique. » On sent de la colère et de la rancune dans ces lignes. On les croirait écrites par Jules Vallès. Lorsqu’il eut terminé tant bien que mal ses études, Georges Courteline s’engagea pour cinq ans au 13e chasseurs, en garnison à Bar-le-Duc. Ce fut un cavalier déplorable, un tireur au flanc extraordinairement subtil. Nul ne savait comme lui duper le major et lui arracher, à l’aide de quelles ruses ! des exemptions de service. Son congé se composa d’une série ininterrompue de permissions de convalescence. Il tenta, pour se faire réformer, un coup d’audace qui aurait pu l’envoyer à « biribi ». Il acheta chez un fripier une capote d’une ampleur démesurée, y épingla le numéro de