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proportions d’élève gardées, la quantité de fourrages est évidemment moins considérable ; mais peut-on comparer ces herbages aqueux de la Normandie aux fourrages fins et substantiels de la Gascogne renfermant pour ainsi dire en nature, l’énergie qu’absorbe directement l’animal  ? Évidemment, non. Du reste, le but final de ces fourrages n’est pas le même, la Normandie élevant principalement des bœufs de boucherie, véritables greniers à fourrages, et des vaches pour la production du lait ; tandis que la Gascogne élève des bœufs robustes, énergiques, dont le but principal est le travail. Le bœuf gascon, du reste, semble comprendre jusqu’à un certain point la parcimonie parmi laquelle il vit ; il est bien plus sobre, moins d’aliments le contentent.

Qu’on dise le rapport des prairies trop minime relativement au reste du terrain, je l’accorde volontiers et ne puis que m’associer aux efforts de tous ceux qui veulent en faire augmenter la proportion, car les prairies sont le nerf de l’agriculture.

Elles donnent, en effet, la faculté de nourrir de nombreux bestiaux ; ceux-ci fournissent beaucoup d’engrais qui doublent la fécondité des terres. Les propriétaires gascons ne sont pas encore assez pénétrés de cette vérité ; c’est ce qui fait que les prairies n’occupent encore que le septième au plus de la propriété ; tandis que si elles en formaient le quart ou le tiers, on récolterait, au moins, autant de grains qu’à présent et les profits sur les bestiaux seraient considérablement augmentés. Les Anglais se sont basés en grande partie sur ce principe pour en arriver à la production et à l’amélioration de ces races qui ont fait l’admiration de tous et la fortune de leurs propriétaires.

Le terrain de la Gascogne est pour la plupart de formation secondaire, tertiaire en certains endroits. Les différentes natures de terre qui forment la couche superficielle du sol,