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LE SECRET

« Votre frère est vivant, je sais où il est. »

Phœbé remonta à huit heures et reprit sa place au chevet du lit du malade. Robert alla se reposer à l’auberge du Soleil. Depuis trois jours, il n’avait dormi qu’en chemin de fer, en bateau ou en diligence, et il était harassé de fatigue. Quand il s’éveilla, il était presque nuit, et la chambre dans laquelle il fit sa toilette était précisément celle qu’il avait occupée avec George Talboys, quelques mois auparavant.

L’aubergiste le servit à table et lui annonça que Luke Marks était mort à cinq heures de l’après-midi.

« Ça été un peu prompt, disait l’hôtelier, il n’a pas souffert. »

Robert écrivit ce soir-là une longue lettre à mistress Taylor, par l’entremise de M. Val, à Villebrumeuse, et cette lettre racontait à la coupable, qui avait porté tant de noms différents et ne devait plus en changer, le récit fait par le mourant.

« Ce sera peut-être, pensa-t-il, un soulagement pour elle, d’apprendre que son mari n’a pas péri à la fleur de son âge, en admettant, toutefois, que son égoïsme lui permette d’éprouver un peu de pitié pour la douleur d’autrui. »