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LA TRACE

prisonnier reconnu coupable, mais non exécuté, et comme cela avait été expressément convenu, sur la chance de la transportation à Botany Bay contre les galères.

Il y avait donc en jeu des intérêts privés, aussi bien qu’un intérêt général, dans cet océan agité d’hommes et de femmes, et Richard avait très-peu de joueurs de son côté dans la grande et terrible partie qu’il allait entreprendre.

Dans un coin de la galerie de la salle, était un petit espace élevé au-dessus des têtes de la multitude et séparé du public, réservé aux fonctionnaires ou aux personnes introduites par eux. C’était là que se tenait, au milieu de deux ou trois policemen, notre ami, M. Joseph Peters, la bouche tournée d’un côté, et les yeux attachés sur le prisonnier. La galerie dans laquelle il se trouvait faisait face au banc de l’accusé, quoique à une très-grande distance. Il y avait un homme, dans cette nombreuse assemblée, qui, placé près du prisonnier, était très-malheureux : cet homme était le conseil de l’accusé. Il était jeune, et c’était seulement son troisième ou son quatrième procès, et la première fois qu’il se trouvait chargé d’une cause importante. C’était un homme fortement nerveux et impressionnable, pour qui la défaite était pire que la mort, et il sentait qu’une défaite était inévitable. Il n’avait pas un pouce de terrain pour la défense, et en dépit des