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LA TRACE

garda l’enfant (toujours suffocant) avec l’œil d’un philanthrope et presque avec la tendresse d’un père.

Celui qui veille sur les jeunes corbeaux avait, peut-être dans la convenance merveilleuse de toutes les choses de sa création, donné à ce pauvre petit délaissé un meilleur protecteur dans l’agent subalterne muet de la police que n’eût été pour lui le père qui s’en était débarrassé, quelque position que ce père eût pu occuper.

M. Peters remarqua bientôt à l’attentive Kuppins qu’il l’éduquerait, il hésita quelques instants sur la légitimité du q ou du k pour ce mot, qu’il éduquerait l’enfant trouvé, et qu’il l’élèverait dans sa propre profession.

« Quelle est cette profession ? demanda naturellement Kuppins.

Detecktive, épela M. Peters, embellissant le mot d’un k supplémentaire.

— Oh ! de la police, dit Kuppins. Cristi ! c’est fameux. Je voudrais bien être un policeman, pour découvrir tous les secrets de l’horrible meurtre qui s’est commis ici. »

M. Peters s’illumina au mot de meurtre, et regarda Kuppins d’un œil plein d’affection.

« Ainsi, vous prenez de l’intérêt à ce meurtre, n’est-ce pas ? dit-il.

— Oh ! non ; j’ai acheté le journal de dimanche.