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LA TRACE

le témoignaient un jupon court et un long corsage bleu, ornés avec profusion de crevasses triangulaires et de taches de graisse.

Kuppins fut informée par sa maîtresse que le monsieur allait venir loger dans la maison, et qu’en outre le monsieur était muet. Il est impossible de décrire le ravissement de Kuppins à l’idée d’un locataire muet.

Elle avait connu un petit garçon atteint de cette infirmité, qui vivait à trois portes plus loin que sa mère à elle, et ce petit garçon était très-méchant ; et, quand il fut sur le point de partir, il poussa des hurlements horribles.

En apprenant que le monsieur n’était pas méchant et n’avait jamais hurlé, elle parut désappointée plutôt qu’autre chose. Elle comprenait l’alphabet des muets, et avait conversé ainsi pendant des heures avec le petit garçon muet susdit. L’auteur, à qui rien n’est caché, peut affirmer qu’il y avait eu autrefois de l’amour dans les relations de Kuppins et de l’enfant méchant. M. Peters fut enchanté de trouver un être complaisant, capable de comprendre son sale alphabet, et de lui expliquer son intention de faire élever ce baby, enfant trouvé (à la façon d’un philanthrope, et non à celle de ce classique Saturne, atteint de dyspepsie), et qu’il désirait qu’il fût logé et soigné aussi bien que lui-même.