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DU SERPENT.

quelquefois qu’ils ont le cœur dur, ces bouchers, passa doucement la main sur ces cheveux châtains, et écarta une boucle de ce front pâle.

Si tendre attouchement, peut-être, n’avait pas été fait sur ce front depuis deux longues années ; depuis le jour peut-être où la femme morte avait quitté son village natal, et que sa mère avait lissé, pour la dernière fois, ses tresses dorées sous son bonnet du dimanche.

Une demi-heure après, le boucher était chez lui, devant son feu réjouissant, et il avait, je crois, un regard plus aimable et plus protecteur que d’usage pour la fille aux beaux cheveux qui lui versait son thé.

Personne ne reconnut la femme morte ; personne ne savait son histoire. On conjectura que c’était une histoire très-ordinaire, et on l’ensevelit dans un terrain spécial de la paroisse, un endroit triste et humide non loin du bord de la rivière, dans lequel quantité de ses pareilles sont restées.

Notre ami Jabez North emprunta le soir à son patron le journal du samedi, après les heures de classe : les comptes-rendus des deux enquêtes du coroner l’intéressèrent vivement.