Page:Braddon - La Trace du serpent, 1864, tome I.djvu/77

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
69
DU SERPENT.

et cinq minutes après, M. Jinks, l’agent, était sous la galerie de la gare ; son adjoint muet, Joe Peters, était posté hors de la station, et tous les deux reconnaissaient Richard à l’instant.

Ô merveilles de la vie civilisée ! merveilles cruelles, quand elles servent à attirer une condamnation terrible sur un homme innocent !

L’histoire de la lettre de Richard ne pouvait que le desservir devant le jury. Le fait d’avoir brûlé, dans un moment d’oubli, un document d’une telle importance, semblait trop incroyable pour faire quelque impression en sa faveur.

Pendant tout le temps de l’instruction, un homme mal vêtu s’était tenu dans un enfoncement, l’œil en observation et la bouche tournée d’un côté.

Cet homme était Joseph Peters, l’aide de l’agent de police de Gardenford. Ses yeux quittèrent rarement la personne de Richard, qui, le visage pâle, l’air égaré, la chevelure en désordre et les vêtements sales, paraissait peut-être beaucoup plus coupable qu’innocent.

Le verdict du jury du coroner concluait, comme tout le monde s’y attendait, à ce que le défunt avait été assassiné de propos délibéré par Richard Marwood, son neveu, et à ce que le pauvre Dick fût renvoyé cette nuit dans la prison du comté, dans les faubourgs de Slopperton, pour y attendre les assises.