Page:Braddon - La Trace du serpent, 1864, tome I.djvu/55

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
47
DU SERPENT.

tant de pénétration ? À quelle école vous êtes-vous formé ? Ce qui me surprend, c’est cet aplomb à donner votre opinion, et que vaut-elle votre opinion, je voudrais bien le savoir ? Je ne serais pas fâché de savoir en même temps combien vous estimez vos avis ? »

M. Jinks débita tout ce discours avec le ton du sarcasme le plus piquant, car M. Jinks est un membre distingué de la police de sûreté. Il se vante hautement de son infaillible pénétration, et il s’indigne de voir que son subalterne ose exprimer une opinion quelconque.

« Mon oncle assassiné !… murmura Richard ; mon pauvre oncle… mon excellent oncle !… Oh ! c’est trop affreux ! »

À ces mots que Richard murmura presque en lui-même, la bouche du subalterne penche énormément à gauche.

« Et l’on m’accuse d’être son meurtrier !

— Dame, vous voyez, dit M. Jinks, il y a deux ou trois petites choses qui parlent assez contre vous. Pourquoi étiez-vous si pressé ce matin d’arriver à Gardenford ?

— Mon oncle m’avait donné une lettre de recommandation pour un négociant de cette ville : tenez, voici la lettre, lisez-la.

— Non, cela n’est pas mon affaire, dit M. Jinks ; la lettre n’est pas cachetée, je le vois, mais je ne