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LA TRACE

treinte des deux inconnus ; mais M. Jinks le ressaisit aussitôt par le bras, et l’ami de M. Jinks, tirant de sa poche une paire de menottes, les fixa aux mains de Richard avec une prestesse merveilleuse.

« Voyons, maintenant restez tranquille, dit M. Jinks. Je ne voulais pas me servir de ces choses-là, si vous étiez venu sans résister. J’ai entendu dire que vous appartenez à une famille respectable, et j’ai pensé qu’il serait inutile de vous orner de ces objets de bigitry (il est probable que M. Jinks voulait dire de bijouterie) ; mais c’est votre faute ; maintenant reprenons le chemin de la station, nous arriverons à temps pour le train de huit heures trente minutes, et nous serons à Slopperton avant dix heures. L’enquête ne commencera que demain. »

Richard jetait les yeux sur ses poignets, et de ses poignets il les reportait alternativement sur les visages des deux hommes avec une expression d’indicible étonnement.

« Suis-je fou, ivre, ou le jouet d’un rêve ? Pourquoi m’avez-vous mis ces horribles choses ? Pourquoi me reconduisez-vous à Slopperton ? Quelle est cette enquête ? Qui donc est mort ? »

M. Jinks pencha sa tête de côté et considéra son prisonnier avec un coup d’œil de connaisseur.

« A-t-il l’air assez innocent, eh ? dit-il en se parlant plutôt à lui-même qu’à son compagnon, qui, soit dit en passant, n’avait pas dit une seule parole