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LA TRACE

« Oh ! peu importe mon nom, fit-il, vous l’apprendrez toujours assez tôt ; mais, ajouta-t-il en remarquant le coup d’œil menaçant que Richard jetait sur lui, si vous y tenez absolument, appelez-moi Jinks.

— Fort bien. Alors M. Jinks, comme je ne suis pas positivement venu à Gardenford dans le but de faire votre connaissance, et comme, maintenant que je l’ai faite, je n’éprouve pas absolument le besoin de la cultiver, je vous souhaite le bonjour ! »

En disant ces mots, Richard s’arracha brusquement à l’étreinte de l’étranger et fit deux ou trois pas en avant.

Deux ou trois pas seulement, pas davantage, car l’affectueux M. Jinks lui ressaisit aussitôt le bras, et un ami de M. Jinks, qui s’était justement trouvé à la station lors de l’arrivée du train, et qui par hasard traversait la rue en ce moment même, s’empara de son autre bras, et le pauvre Richard, vigoureusement retenu entre ses deux nouveaux amis, fixa alternativement sur eux un regard plein d’étonnement.

« Allons, allons, dit M. Jinks, le mieux que vous puissiez faire, c’est de prendre la chose tranquillement et de venir avec nous.

— Oh ! je vois ce que c’est, dit Richard. Voilà déjà un bâton dans les roues de ma vie nouvelle ; ces maudits juifs auront eu vent de mon arrivée ici.