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DU SERPENT.

manqué d’être intrigué par la conduite et les manières d’un petit homme, épais, assez salement accoutré, qui se tenait debout sous la galerie de la gare quand il descendit de voiture. Évidemment cet homme attendait quelqu’un, et sûrement aussi ce quelqu’un était arrivé, car il eut l’air parfaitement satisfait après avoir toisé d’un regard rapide chaque voyageur qui descendait. Mais quel était ce quelqu’un que le gros homme attendait ? Voilà ce qu’il était bien difficile de savoir. Il ne parla à personne, n’approcha personne, et même après ce coup d’œil rapide jeté sur chaque voyageur, il ne parut pas être venu là dans un but déterminé. Cependant un observateur très-minutieux aurait certainement pu remarquer qu’il prenait certain intérêt aux mouvements de Richard Marwood, et quand celui-ci sortit de la station, l’étranger marcha sur ses traces, et suivit comme lui la petite rue qui conduit de la station à la ville. Bientôt même il se rapprocha de lui et tout à coup, sans la moindre cérémonie, il passa son bras dans celui de Richard.

« M. Richard Marwood, n’est-ce pas ? dit-il.

— Je ne cache pas mon nom, répondit Dick le Diable, et celui-ci est le mien ; peut-être, puisque vous en usez si familièrement avec moi, voudrez-vous bien me dire le vôtre. »

Et le jeune homme essayait de dégager son bras de celui de l’étranger, mais celui-ci tenait bon.