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DU SERPENT.

vulsivement, et sa langue ne cesse de murmurer des imprécations à demi étouffées, mais terribles.

« Tout cela pour rien ! dit-il ; toute cette peine, tout ce danger, tout pour rien ! tout le travail du cerveau et des bras, perdu ! Rien ! rien ! »

Il remet la corde dans la malle et commence à ôter ses habits. L’enfant malade, d’une voix faible, demande sa médecine.

Jabez verse une cuillerée d’une potion dans un verre, et d’une main assurée il l’approche des lèvres de l’enfant.

Celui-ci est sur le point de la prendre, quand tout à coup il pousse un cri.

« Qu’y a-t-il ? demande Jabez d’un ton bourru.

— Votre main ! votre main ! Qu’y a-t-il sur votre main ? »

Une tache sombre, un peu séchée, une tache rougeâtre, à la vue de laquelle l’enfant tremble de la tête aux pieds.

« Ce n’est rien ; prends ta médecine et dors. »

Mais l’enfant ne prendra pas sa médecine, il ne prendra plus rien de cette main tachée.

« Je sais ce que c’est, cette horrible tache. Qu’avez-vous fait ? Pourquoi êtes-vous descendu par la fenêtre à l’aide d’une corde ? Ce n’était pas pour faire une balançoire ; vous avez dû faire quelque chose d’horrible. Pourquoi êtes-vous sorti pendant trois heures, au milieu de la nuit ? Je les ai comp-