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LA TRACE

un chemin qui entoure la ville, et une demi-heure plus tard il est de l’autre côté, dans la direction du Moulin Noir. Curieux moyen de faire une balançoire, que cette promenade après minuit ; et même cette promenade est assez étrange de la part d’un si bon, d’un si honnête jeune homme. Mais les gens les plus vertueux ont quelquefois d’étranges fantaisies ; et c’est peut-être ici le cas.

Une heure sonne à toutes les horloges de Slopperton ; deux heures, trois heures. Le jeune malade ne s’endort pas ; mais il repasse dans sa mémoire les scènes joyeuses de son enfance, les excursions pendant l’été, les vacances de Noël, et les jeux bruyants, le gentil babil de sa petite sœur, morte il y a trois ans. Tout cela passe confus dans son esprit ; et quand sonnent trois heures et un quart, il parle encore, il s’agite toujours sur son oreiller.

Bientôt la corde se tend de nouveau, et, quelques secondes plus tard, le sous-maître reparaît dans la chambre.

Il reparaît dans un état vraiment pitoyable. Ses vêtements sont couverts de boue et déchirés ; il est trempé jusqu’aux os, et la sueur coule de ses cheveux en désordre. Il est effrayant à contempler ainsi, avec ses yeux bleus éclairés d’une flamme furieuse. On dirait les yeux d’une bête féroce à laquelle on vient d’arracher sa proie. Ses mains se crispent con-