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DU SERPENT.

mettre au Virgile de sitôt, parce que j’ai été malade ; n’est-ce pas, monsieur North ?

— Non, non. Vois-tu, je fais une balançoire.

— Oh ! c’est fameux, une balançoire ; et la corde est joliment solide. Quand serai-je assez bien pour me balancer ? C’est si triste ici ! Je vais tâcher de dormir ; mais je fais de si mauvais rêves !

— C’est cela, c’est cela, dors, » fit le maître d’études d’une voix douce.

Cette fois, avant de se rapprocher de la fenêtre, il souffle la chandelle, il éteint également la veilleuse qui brûle sur la cheminée ; il porte la main sous sa blouse, comme pour s’assurer de la présence d’un objet sur son sein, le serre étroitement ; puis il saisit vigoureusement la corde et s’élance par la fenêtre.

Singulière manière de se balancer ! Il se laisse glisser pied par pied, avec une prudence merveilleuse. Quand il arrive au niveau des poteaux gymnastiques, il donne à son corps un élan vigoureux, et parvient ainsi à se saisir du plus élevé des deux. La descente devient maintenant la chose la plus facile, et Jabez est tout aussi à l’aise que s’il descendait un escalier ordinaire, car il est très-fort en gymnastique, ce M. Jabez. Il laisse la corde pendre à la fenêtre de sa chambre, puis il escalade sans difficulté le mur du jardin ; et quand les horloges de Slopperton sonnent minuit, il est déjà sur la grande route. Il suit