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LA TRACE

la maison ; et maintenant, bonne nuit, et que Dieu vous bénisse, mon garçon ! »

Le vieillard est parti, et l’enfant prodigue s’est endormi. Sa belle figure a perdu presque toute son expression de débauche et de soucis, éclairée qu’elle est par cette nouvelle lueur d’espérance ; sa noire chevelure laisse à découvert son large front ; un doux sourire entr’ouvre ses lèvres et illumine ses traits vraiment beaux. Oh ! oui, il y a encore en lui l’étoffe d’un homme, bien qu’il dise qu’on devrait pendre qui lui ressemblait.

Son oncle s’est retiré dans sa chambre, où le valet indien l’aide à sa toilette de nuit. Ce valet est un Lascar et ne parle pas un mot d’anglais (son maître lui parle en hindoustani). Il est d’une fidélité à toute épreuve, et il couche dans un petit lit dressé dans le cabinet de toilette attenant à l’appartement de son maître.

Au dehors la nuit est affreuse, le vent hurle autour des murs, on dirait des passants furieux vociférant pour être admis ; la pluie tombe à torrents sur les toits, et il semble qu’elle veuille inonder la vieille maison. Au dedans règne le calme et presque le bonheur ; l’enfant prodigue, repentant, repose en paix sous le toit longtemps désolé du vieux Moulin Noir.

La voix lugubre du vent semble avoir, cette nuit, une signification particulière, mais personne ne