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DU SERPENT.

gent est pour moi de peu d’utilité, hors les dépenses nécessaires pour me procurer les produits chimiques que j’emploie. Celles-ci, il montre les cartes, me donnent assez pour cela, en dehors de ces frais, mes besoins n’exigent que quelques francs par semaine.

— Alors, vous ne voulez pas me vendre ce poison ? Vous êtes décidé ? demande-t-elle.

— Tout à fait décidé ! »

Elle hausse les épaules.

« Comme il vous plaira ; il y a toujours la rivière, et vous pouvez être assuré, monsieur, que ceux qui ne peuvent supporter la vie sauront bien trouver les moyens de mourir. Je vous souhaite le bonsoir. »

Elle est sur le point de quitter la chambre, quand elle s’arrête, la main sur le bouton de la porte et se retourne.

Elle reste quelques minutes immobile et silencieuse, une main sur la poignée de la porte et l’autre pressée sur son cœur. M. Blurosset a comme l’ombre d’un air de surprise dans sa contenance impassible.

« Je ne sais pas ce qui se passe en moi, ce soir, dit-elle, mais quelque chose semble m’enraciner à cette place. Je ne puis quitter cette chambre.

— Vous êtes indisposée, mademoiselle, peut-être. Permettez-moi de vous donner un cordial.