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LA TRACE

tendait-il que cette occasion, car il s’avance d’un pas léger et avec une démarche gracieuse vers l’endroit où est assise sa nouvelle épouse, dont les doigts sont occupés à détruire des fleurs délicates de serre chaude, et à en disperser les débris sur le parquet à ses pieds, d’une façon vraiment extravagante.

« Valérie ? » dit-il, en se penchant vers elle et en lui parlant d’une voix dont l’intonation douce et musicale aurait pu passer pour tendre, si elle n’eût manqué de ce timbre harmonieux qui part de l’âme, mais en étant privée elle sonnait creux comme de la monnaie fausse.

La place où était assise la mariée était si abritée par les fleurs, et les draperies de satin qui enveloppaient la croisée, qu’elle formait un petit coin, séparé du reste de la pièce encombrée par la foule.

« Valérie ? » répéta-t-il.

Et voyant qu’elle ne lui répond pas, il pose sa main blanche dégantée sur son poignet chargé de bijoux.

Elle se leva vivement, et se redressant de toute sa hauteur, secoua sa main avec un geste qui, eût-elle été touchée par le plus odieux et le plus repoussant des reptiles rampant sur la surface de la terre, n’aurait pu exprimer une horreur et un dégoût plus profonds.

« L’occasion ne saurait être plus favorable, dit-elle, pour vous faire entendre ce que j’ai à vous