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DU SERPENT.

est seul à garder le silence sur ce sujet. M. de Marolles est un homme de mérite, un gentilhomme, bien entendu, et sa nièce a beaucoup d’attachement pour lui ; à part cela, le marquis n’articule pas un mot sur la matière. Combien plus Paris pourrait avoir à dire, s’il pouvait, pour une minute, deviner la scène orageuse qui eut lieu entre l’oncle et la nièce dans le château de Bourgogne ; quand, agenouillée devant le crucifix, Valérie jura qu’il y avait une si terrible nécessité à cet étrange mariage, que si son oncle la connaissait (et il ne la connaîtrait jamais), il se jetterait lui-même à genoux devant elle pour la supplier de se sacrifier à l’honneur de sa noble maison. Quelles idées avaient pu faire naître dans l’esprit du marquis ces sombres insinuations, nul ne le savait, mais il cessa de s’opposer au mariage de l’unique rejeton de l’une des plus grandes familles de France avec un homme qui ne pouvait rien dire de son origine, mais qui avait reçu l’éducation d’un gentilhomme, et avait une force de volonté suffisante pour conquérir la fortune.

La cérémonie du mariage fut célébrée avec grande magnificence à Paris dans l’hôtel du marquis. La fortune, le rang et la fashion étaient également représentés dans les vastes salons, et M. de Marolles se trouva être le centre d’un cercle formé par la vieille noblesse de France. Il eût été bien