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LA TRACE

votre famille dans lequel existe encore le dépôt d’un poison bien connu des membres distingués de l’art médical. Je crois, mademoiselle, que ces quelques preuves, ajoutées au puissant motif révélé par votre mariage secret, seraient tout à fait suffisantes pour donner à tous les journaux de France de la besogne avec les détails des circonstances d’un assassinat sans précédent dans les annales criminelles de ce royaume. Mais, mademoiselle, je vous ai fatiguée ; vous êtes pâle, épuisée. Je n’ai pas l’intention de vous arracher violemment l’acceptation de mon offre. Réfléchissez à tout cela et demain apprenez-moi votre décision. En attendant, adieu ! »

Il se lève en parlant.

Elle incline la tête en signe d’assentiment à sa dernière proposition et il la quitte.

Sait-il ou suppose-t-il qu’il existe encore une autre raison pour rendre possible l’acceptation de sa main ? Pense-t-il que son nom obscur peut être aussi une garantie pour elle dans les jours à venir ?

Oh ! Valérie ! Valérie ! à jamais poursuivie par le fantôme aux cheveux noirs et aux grands yeux disparus de ce monde pour ne plus y revenir. À jamais tourmentée par l’image de l’amour qui ne fut, même dans ses jours les meilleurs et les plus heureux, qu’un rêve décevant, d’autant plus trompeur qu’il était plus tendre, d’autant plus cruel qu’il était plus doux, un mensonge d’autant plus amer