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LA TRACE

Elle le regarde et ses joues pâles se colorent du sang espagnol de sa mère orgueilleuse.

« Mon cher oncle, dit-elle, il est convenu entre nous, n’est-il pas vrai, que je suis ma maîtresse absolue en toutes choses, et que vous avez une entière confiance en moi ? Quand vous cesserez d’avoir cette confiance, nous ferons mieux de nous séparer pour toujours, car nous ne pourrions vivre plus longtemps sous le même toit. »

Il jette un regard suppliant sur la figure inflexible, mais elle conserve l’immobilité de la mort.

« Faites conduire, dit-elle, M. de Marolles dans cet appartement. Je dois le voir et rester seule avec lui. »

Le marquis la quitte, et après quelques minutes, Raymond entre dans la pièce, introduit par le valet de chambre.

Il a toujours son air bien élevé, son indifférence élégante qui lui siéent si bien, et porte dans sa main une légère cravache à pomme d’or.

« Mademoiselle, dit-il, me pardonnera peut-être de me présenter ainsi ce soir si elle veut bien se souvenir qu’il y a déjà plus d’un mois écoulé depuis la triste aventure de l’Opéra, et que j’ai quelque sujet d’être impatient. »

Elle ne lui répond pas immédiatement ; car un domestique entre, portant une lampe qu’il pose sur une table à côté d’elle, après avoir tiré en travers