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DU SERPENT.

par les larges et hautes croisées, luttait de puissance avec la clarté du foyer et la faisait pâlir, de sorte que les joyeux reflets jouant à cache-cache dans les nombreuses sculptures de la boiserie de chêne des murs et du plafond, semblaient se dérober confus devant le rayonnement glacial d’un ciel d’hiver froid et bleu comme l’acier. Le visage pâle de la jeune malade, éclairé par cette lugubre lumière, paraissait presque aussi calme et aussi inanimé que celui de sa grand’mère, ayant poudre et mouches, qui lui souriait du haut du mur. Pas de livre à côté d’elle, pas de trace d’une occupation féminine quelconque dans cette grande chambre, pas d’amie pour la veiller ou lui tenir compagnie (car elle a refusé toute société) ; elle est immobile, ses mains blanches pendantes sur les coussins de velours de son fauteuil, sa tête renversée comme dans un état complet d’abandon de toutes choses en face de l’immensité de la terre, et ses yeux noirs fixés droit devant elle sur le lugubre espace couvert de neige qui s’étend au dehors. Ainsi elle est restée depuis les premières heures de la matinée, ainsi elle restera jusqu’à ce que sa femme de chambre vienne pour la conduire dans sa triste chambre à coucher. Ainsi elle reste quand son oncle lui fait une visite, et essaye par tous les moyens possibles d’éveiller un sourire ou de faire luire une étincelle d’animation sur ce visage de mort. En vérité, c’est le visage