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LA TRACE

vous dire quelque chose que, je l’espère, vous prendrez en bonne part.

— Je ne suis pas tellement accoutumé aux bonnes paroles des bonnes gens pour prendre en mauvaise part ce que vous pouvez avoir à me dire.

— Vous ne mettrez pas en doute la joie que me cause votre retour, si je vous demande quels sont vos projets pour l’avenir ? »

Le jeune homme secoua la tête. Pauvre Richard ! Il n’avait jamais eu de projets bien arrêtés pour l’avenir, depuis qu’il était au monde, sans quoi il aurait pu ne pas être ce qu’il était ce soir-là.

« Mon pauvre garçon, je vous crois un noble cœur, mais vous avez gaspillé votre vie. C’est ce qu’il faut réparer. »

Il secoua de nouveau la tête. Il ne pouvait rien faire par lui-même.

« Je ne suis bon à rien, dit-il, je suis un mauvais sujet. Je m’étonne qu’on ne pende pas les gens de ma sorte. »

Il dit ces mots avec sa manière ordinaire, pleine d’insouciance, comme si ce devait être drôle d’être pendu.

« Dieu merci, mon cher garçon, vous nous êtes revenu. Maintenant j’ai dans l’idée que je puis encore faire de vous un homme. »

Cette fois Richard releva la tête ; une lueur d’espoir brillait dans ses yeux, une seconde avait suffi