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DU SERPENT.

C’est un magnifique sourire qui arrondit ses lèvres sans les contourner, et qui brille dans ses grands yeux noirs avec un feu aussi étincelant que celui du soleil des contrées méridionales ; mais dans tous les cas, puisse le ciel sauver l’homme qui l’a injuriée de l’éclat d’un sourire semblable à celui qu’elle a ce soir.

« Vous demandez mon assistance en matière de chimie ? demande Blurosset.

— Oui, j’ai oublié de vous dire, madame, que mon ami Laurent Blurosset, quoique aimant à se cacher dans une des rues les plus obscures de Paris, est peut-être l’un des hommes les plus savants de cette grande cité. C’est un chimiste, qui opérera un jour une révolution dans la science chimique ; mais c’est un fanatique, madame, ou disons mieux c’est un amant, et son creuset est sa maîtresse. Cette aveugle passion pour la science n’est assurément qu’une autre forme de cette grande folie du monde, l’amour. Qui sait quels yeux brillants un problème d’Euclide peut avoir remplacé ? Qui peut dire quelle belle chevelure peut avoir été oubliée pour une racine grecque ? »

Valérie frissonne, que le ciel vienne au secours de ce cœur brisé ; chaque mot qui touche au sentiment fondamental de sa vie, est une blessure qui le perce.

« Vous ne fumez pas, Blurosset, homme insensé, vous ne savez pas vivre.