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DU SERPENT.

sainte pour être décrite. Et les larmes abondantes du fils prodigue !… Qui peut décrire les larmes d’un homme dont la vie n’a été qu’une longue carrière d’indifférence, et qui voit ses fautes écrites sur le visage de sa mère ?

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La mère et le fils demeurent ensemble, s’écoutant parler avec avidité pendant deux longues heures. Il ne lui dit pas toutes ses folies, mais tous ses regrets, son châtiment, son angoisse, sa pénitence, et ses résolutions pour l’avenir.

Assurément, c’est pour le bien, et pour le bien seulement, qu’il est revenu, qu’il a fait cette terrible et longue route malgré les peines et les souffrances pour venir s’agenouiller aux pieds de sa mère et décider de ses projets pour l’avenir.

La vieille servante, qui a connu Richard tout enfant, partage la joie de sa mère ; après le léger souper auquel on force le voyageur à prendre part, M. Harding et Richard persuadent à mistress Marwood de s’aller reposer. Restés en tête-à-tête, l’oncle et le neveu causent devant le pétillant feu de charbon, tout en dégustant une bouteille de vieux madère.

« Mon cher Richard (le nom du jeune homme est Richard ; ses compagnons de plaisir l’ont surnommé Dick le Diable) ; mon cher Richard, dit M. Harding avec une certaine gravité, je suis sur le point de