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LA TRACE

— Oui, maintenant la trahison change de côté ; la dame de pique est ici encore, mais attendez : le traître, le vrai traître est ici, ce bel homme, le valet de carreau. »

Raymond de Marolles pose aussitôt sa main blanche sur la carte que Blurosset désigne du doigt, et dit avec précipitation :

« Bah ! vous nous avez dit tout ce qui concerne le temps passé, parlez-nous de l’avenir, et puis il ajoute tout bas à l’oreille de M. Blurosset : Insensé ! vous avez oublié votre leçon ?

— Elles veulent dire la vérité, murmure le diseur de bonne aventure. Elles m’ont entraîné ; je veillerai sur moi davantage. »

Ce dialogue chuchoté n’est pas entendu par Valérie, qui reste pétrifiée comme si la voix monotone de M. Blurosset était la voix de Némésis.

« Maintenant donc à l’avenir, dit Raymond, il est possible de dire ce qui est arrivé ; nous désirons aller au delà des limites du possible, dites-nous alors ce qui doit arriver. »

M. Blurosset rassemble les cartes, les mêle et les dispose de nouveau en groupes comme auparavant. De nouveau, les lunettes bleues vont du groupe de trois à celui de neuf, au groupe de sept, et de celui de sept à celui de cinq, Valérie suit leur mouvement d’un œil ardent et cave ; il dit bientôt dans sa primitive manière machinale :