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DU SERPENT.

Valérie, malgré elle, est tout entière aux paroles de cet homme ; elle ne quitte jamais des yeux les lunettes et les lèvres blanches et minces du diseur de bonne aventure.

« Je n’aime pas son influence, elle est mauvaise ; ce roi de pique est en voie d’entraîner la reine en bas, en bas, en bas jusque dans la boue. »

Le visage de Valérie ne saurait devenir plus pâle qu’il n’est resté depuis la révélation du Bois de Boulogne, mais elle ne peut réprimer un frémissement en entendant ces mots.

« Il y a trahison, continue M. Blurosset, et il y a là une jolie femme.

— Une jolie femme ! La jeune fille que nous avons vue ce soir est jolie, dit tout bas Raymond ; M. Don Juan sans doute admire les blondes, possédant une beauté méridionale.

— La jolie femme est toujours avec le roi de pique, dit le diseur de bonne aventure. Il n’y a pas là de trahison, rien que de l’amour. Le roi de pique peut être dévoué ; il l’est pour cette dame de carreau ; mais pour la reine de pique il n’a que perfidie.

— Y a-t-il quelqu’autre chose dans les cartes ? demande Raymond.

— Oui, un prêtre, un mariage, de l’argent. Ah ! ce roi de pique s’imagine qu’il est près d’acquérir une grande fortune ?

— Se trompe-t-il ?