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LA TRACE

bien, je me respecte moi-même parce que je suis un aventurier, parce que, par la seule force de ma propre intelligence, je me suis élevé de ce que j’étais à ce que je suis. Je vous montrerai quelque jour le lieu de mon berceau. Il ne fut orné ni de couvertures de dentelles ni de rideaux brodés, je puis vous l’assurer. »

En ce moment ils traversaient une rue sombre, dans un quartier entièrement inconnu de la dame.

« Où me conduisez-vous ? demande-t-elle de nouveau, avec quelque chose dans la voix, ressemblant à de la frayeur.

— Comme je vous l’ai déjà, dit, à la connaissance de votre destinée ; non, madame, si vous n’avez pas confiance en moi, je ne puis vous servir. Souvenez-vous qu’il est de mon intérêt de vous bien servir, vous ne pouvez avoir, par conséquent, aucun motif de craindre. »

Pendant qu’il parle, ils s’arrêtent devant une porte basse dans le mur blanc d’une haute maison à l’aspect sombre ; il saute de la voiture, tire une sonnette, et le concierge ouvre la porte ; Raymond aide Valérie à descendre et la conduit dans un petit vestibule, ils montent ensuite un escalier de pierre jusqu’au cinquième étage de la maison. En toute autre circonstance son courage aurait pu lui manquer dans cette habitation étrange, à une heure aussi avancée, avec cet homme, qu’elle ne connaît