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LA TRACE

Ce dernier mot fait dresser les oreilles à Paul Moucée. Pauvre diable ! Ses derniers sous sont partis avec la dernière demi-once de tabac ; il déclare être trop heureux d’obéir aux ordres de Monsieur.

Monsieur propose de se réfugier dans un café voisin, où ils pourront avoir une demi-heure tranquille de conversation ; ils s’y rendent, et à la fin de la demi-heure, M. de Marolles prend congé de Paul Moucée à la porte de l’établissement. Comme ils se séparent, Raymond jette un coup d’œil sur sa montre :

« Onze heures et demie ; tout va mieux que je pouvais jamais l’espérer. Cet homme passera très-bien pour Robert le Diable, et la belle dame aura une démonstration oculaire. Maintenant, au reste de mes préparatifs ; à ce soir, ma superbe et belle héritière, à vous. »

Au moment où les horloges sonnaient dix heures dans la soirée de ce jour, une voiture de place s’arrête près de la barrière de l’Étoile, et comme le cocher retient son cheval, un homme sort de l’obscurité et court à la portière du fiacre, qu’il ouvre avant que le cocher ait pu quitter son siège. Cet homme est M. Raymond de Marolles, et la personne assise dans la voiture est Valérie de Lancy.

« Ponctuelle, madame ! dit-il. Ah ! dans les moindres choses vous êtes supérieure à votre sexe. Vous