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DU SERPENT.

peut faire face à sa destinée pour tout ce qu’elle connaît, mais elle est prête aussi à affronter n’importe quoi.

La porte s’ouvre et le flâneur du matin entre. Il porte un habit et un chapeau exactement semblables à ceux portés par l’élégant ténor ; il est à peu près de sa taille. Il était donc facile, dans l’obscurité de la nuit, pour la fidèle Finette, d’introduire cet étranger sans découvrir sa méprise. Un coup d’œil jeté sur le visage et l’attitude de Valérie de Cévennes lui apprend qu’elle n’est pas prise à l’improviste par son apparition. Cela le fait tenir sur ses gardes. A-t-il été trahi par la femme de chambre ? Il ne devine pas que son pas léger l’a trahi à cette oreille attentive, que l’amour a rendu si subtile. Il s’aperçoit que la jeune et belle fille est préparée à soutenir le combat. Il est désappointé : il a compté sur sa surprise et sur sa confusion, et il sent qu’il a perdu un point dans son jeu. Elle garde le silence, et attend tranquillement qu’il lui adresse la parole, comme elle pourrait le faire, s’il était un visiteur ordinaire.

« C’est une femme plus étonnante que je ne le pensais, se dit-il à lui-même, et le combat sera rude. Qu’importe ! La victoire n’en sera que plus douce. »

Il ôte son chapeau et la lumière tombe sur son pâle et beau visage. Quelque chose en lui, qu’elle ne saurait dire, semble lui être familier d’une ma-