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LA TRACE

je l’ai trahie et elle me tuera. Vous ne connaissez pas Mlle de Cévennes.

— Pardonnez-moi, je crois la connaître. Elle ne saura jamais que vous l’avez trahie. Souvenez-vous que j’ai découvert le signal convenu ; que vous êtes trompée par cette circonstance et que vous ouvrez la porte au faux individu. Au reste, je vous garantirai de tout danger ; votre maîtresse est une admirable créature, mais son caractère, tout ferme qu’il soit, peut apprendre à se courber.

— Il faudra le briser d’abord, monsieur, dit Mlle Finette.

— Peut-être. »

Il se leva en disant ces mots :

« Mademoiselle, au revoir. »

Il glisse cinq louis dans sa main et s’éloigne lentement.

La femme de chambre observe d’un air pétrifié le personnage qui s’éloigne. Finette Leris peut bien être déconcertée par cet homme, il est capable de confondre de plus fortes têtes que la sienne. Tandis qu’il marche de son pas nonchalant, sous les rayons du soleil couchant d’hiver, plusieurs passants se retournent pour regarder sa tournure aristocratique, sa belle figure et sa chevelure noire. Si le plus vicieux de ceux qui l’observent pouvait avoir lu dans son âme à travers ses brillants yeux bleus, y aurait-il trouvé quelque chose qui pût choquer