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LA TRACE

plus de moi. Je n’ai aucune ressemblance avec les animaux féroces qui sont là, et charmante comme vous l’êtes, je n’ai actuellement nulle intention de vous dévorer. »

Il dit ces mots, sans paraître la regarder, et en allumant un autre cigare. C’est évidemment un effréné fumeur, et il caresse son cigare, en examinant sa lueur rouge et sa fumée bleue, comme si c’était l’esprit familier, à l’aide duquel il peut combiner de merveilleuses déductions, et sans lequel il serait peut-être impuissant. Mlle Finette le considère avec une grande surprise, et une non moindre indignation, mais elle lui obéit et vient s’asseoir à côté de lui.

« J’espère que Monsieur croira que je n’aurais jamais consenti à lui accorder une entrevue, si je n’avais été assurée que…

— Monsieur, vous épargnera, mademoiselle, la peine de dire pourquoi vous êtes venue ici, alors qu’il lui suffit que vous y soyez. Je n’ai rien à faire, mademoiselle, soit avec vos motifs, soit avec vos scrupules ; je vous ai dit dans mon billet, que je vous priais de me rendre un service, pour lequel j’étais disposé à vous payer magnifiquement ; que d’un autre côté, si vous ne vouliez pas consentir à me rendre ce service, j’avais en mon pouvoir les moyens de vous faire renvoyer de votre place. Votre présence ici est une déclaration tacite de votre con-