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DU SERPENT.

vous portez des robes de satin noir, une montre d’or et une chaîne. »

Le flâneur est doué d’ubiquité en cette journée d’hiver ; à trois heures après midi, il est assis sur un banc du Jardin des Plantes et fume un cigare. Il est vêtu comme auparavant, à la dernière mode parisienne ; mais sa redingote est entr’ouverte à la partie supérieure de la poitrine et laisse voir une cravate négligemment attachée, d’un bleu éclatant particulier.

Une jeune personne, du genre femme de chambre, trottant gentiment aux environs, est apparemment attirée par cette cravate bleue, car elle papillonne pendant quelques instants autour du banc et vient ensuite s’asseoir à l’une de ses extrémités, aussi loin que possible du flâneur indifférent, qui n’a pas une seule fois lancé sur elle le froid regard de ses yeux bleus.

Son cigare est près d’être fini, il attend qu’il le soit entièrement, puis, en jetant le bout, il dit, en regardant à peine du côté de sa voisine :

« Mademoiselle Finette, je présume.

— Elle-même, monsieur.

— Alors peut-être, mademoiselle, puisque vous avez bien voulu m’accorder la faveur d’une entrevue, et que l’affaire dont j’ai à vous parler est d’une nature expressément secrète, vous voudrez bien aussi condescendre à vous rapprocher un peu