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DU SERPENT.

qui rompent le silence. On ne voit dans cette large rue, d’autre être vivant que les deux individus. Robert se retourne pour regarder autour de lui, ne voit personne, et continue son chemin jusqu’à ce qu’il arrive à un hôtel au coin de la rue, entouré d’un mur élevé, avec de grandes grilles et une loge de portier. Détaché de l’habitation et presque caché dans un angle du mur, s’élève un petit pavillon, dont les croisées donnent sur une cour ou jardins intérieurs ; attenant à ce pavillon est une porte étroite et basse en chêne sculpté, garnie de gros clous de fer et presque cachée dans l’épaisse maçonnerie du mur qui l’abrite. L’habitation était autrefois un couvent, et est aujourd’hui la propriété du marquis de Cévennes. Robert le Diable, après avoir jeté un coup d’œil de tous les côtés dans la rue faiblement éclairée, approche de cette entrée, et se penchant sur le trou de la serrure, siffle doucement trois mesures d’une mélodie de Don Juan… La ci darem la mano.

« Ainsi, dit le flâneur se tenant dans l’ombre de la maison qui fait face, nous pénétrons plus profondément dans le mystère ; le rideau est levé et la pièce va commencer. »

Les horloges de Paris sonnent onze heures et demie, et la petite porte tourne sur ses gonds, et une faible lumière dans la cour intérieure tombe sur la figure de Robert le Diable. Cette clarté vient