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LIVRE TROISIÈME.


CHAPITRE I.

VALEUR D’UNE LORGNETTE D’OPÉRA.

Paris ! cité de fashion, de plaisir, de beauté, d’opulence, de distinction, de talent, en un mot de toutes les gloires de la terre. Cité de palais, qui ont vu sourire La Vallière, et ricaner Scarron ; sous les lambris desquels ont résonné les échos de la voix de Bossuet, que tous les fous du monde, venaient entendre et s’en allaient en larmes, uniquement pour oublier le lendemain ce qu’ils avaient entendu la veille. Glorieuse cité, dans laquelle un bon mot est plus fameux qu’une bonne action ; qui est plus riche en souvenirs de Ninon de Lenclos qu’en souvenirs de Jeanne d’Arc ; pour laquelle Beaumarchais a écrit, et Marmontel moralisé ; que l’Écossais John Law infecta d’une folie furieuse, dans ces jours heureux où le joyeux et facile Philippe d’Orléans, bon vivant accompli, était régent de France ; Paris, que le jeune Arouet, plus tard Voltaire, gouverna à la baguette, avec les mordantes saillies qu’il faisait retentir au loin dans sa