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DU SERPENT.

CHAPITRE II.

BON À RIEN.

La nuit de novembre est bien plus désagréable, bien plus noire, bien plus humide sur la route qui mène à Slopperton que partout ailleurs. C’est en tout temps une route bien triste que celle de Slopperton, et surtout à un mille environ de la ville il y a un endroit plus triste à lui seul que la route tout entière. En cet endroit s’élève une maison solitaire qu’on appelle le Moulin Noir. C’était autrefois l’habitation d’un meunier, et le moulin est encore debout, bien que hors d’usage. Des changements et des améliorations y ont été apportés, et aujourd’hui c’est une maison fort habitable, assez désolée et sinistre d’aspect, il est vrai, mais qui ne manque pas d’un certain caractère. Elle est habitée par une dame veuve qui avait eu autrefois une grande fortune, mais cette fortune avait été presque entièrement gaspillée par les déportements de son fils unique. Ce fils avait quitté Slopperton depuis longtemps ; sa mère n’avait pas entendu parler de lui