Page:Braddon - La Trace du serpent, 1864, tome I.djvu/196

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
188
LA TRACE

M. Peters descendit rapidement du cabriolet, attacha le vieux poney à un genet épineux, et montant sur le tertre, procéda à l’inspection de la figure endormie. Le visage calme et pâle, avait les yeux levés vers la lumière cramoisie se fondant en un pourpre sombre dans l’immensité du ciel, mais l’ombre ou la lumière terrestre, le matin ou le soir, le calme ou la tempête ne devaient plus jamais être de quelque valeur pour cette figure paisible dans la bruyère. Comment cet individu était-il là, ou comment y était-il venu ? Cela faisait partie de ce grand mystère dont les ténèbres l’enveloppaient, et ce mystère était la mort. Il avait évidemment péri par le poison administré de sa propre main, car dans l’herbe, à côté de lui, se trouvait une fiole vide, et étiquetée opium, sur laquelle reposaient ses doigts effilés, ne la serrant pas, mais étendus comme s’ils étaient tombés sur elle. Ses vêtements étaient complètement imbibés d’humidité, ce qui faisait présumer qu’il était resté là pendant l’orage de la nuit précédente. Une montre d’argent était dans la poche de son gilet, et M. Peters, en l’examinant, découvrit qu’elle s’était arrêtée à dix heures de la nuit précédente, très-vraisemblablement. Son chapeau avait été emporté à une petite distance, et sa chevelure blonde et bouclée tombait en mèches humides sur son front blanc et élevé. Son visage était beau, les traits en étaient bien dessinés, mais